Après les « soft skills », les compétences comportementales très recherchées en entreprise ces dernières années, les recruteurs scrutent désormais les « mad skills », littéralement les « compétences folles », qui font la singularité d’un candidat. Mais que se cache-t-il au juste derrière ce concept ? Explications avec le psychologue du travail et des organisations Florian Tran.
Les recruteurs recherchent désormais des profils singuliers. Du moins, ils ne se concentrent plus uniquement sur les compétences techniques et professionnelles (hard skills) et les compétences comportementales (soft skills), rapporte le magazine Neon . L’originalité d’un candidat est désormais scrutée, comme des compétences à part entière, et elles sont regroupées derrière le concept « mad skills », traduit par « compétences folles ». Mais de quoi s’agit-il au juste ? Et comment mettre ces compétences en avant en entretien d’embauche ? On fait le point avec Florian Tran, psychologue du travail et des organisations, consultant et responsable de pôle, au cabinet de conseil indépendant Ekilibre.
Un concept venu des États-Unis
Dans le monde du travail, « les mad skills sont les compétences singulières, atypiques d’un candidat », détaille Florian Tran. « Ce concept provient de la Silicon Valley, le berceau de l’innovation technologique, aux États-Unis, et on en entend parler, par les recruteurs, en France, de plus en plus depuis l’année 2019 », poursuit-il.
Et l’épidémie de Covid-19 n’y est pas pour rien. Elle a chamboulé le monde du travail, qui est plus que jamais « volatil, complexe, incertain, ambigu », commente le psychologue du travail. C’est donc dans ce contexte que « les entreprises ont plus que jamais besoin de profils qui sortent du cadre, qui n’ont pas peur du changement, qui sauront être résilient, mais aussi qui sauront faire preuve d’adaptabilité et de polyvalence ». Et quelque part, les « mad skills » garantissent la capacité à sortir de sa zone de confort. Les candidats qui en sont dotés, s’avèrent alors être un atout pour les entreprises.
Néanmoins, ce n’est pas parce que les recruteurs sont à la recherche de candidats aux compétences atypiques, qui sauront s’adapter grâce à un parcours et des expériences hors des sentiers battus, qu’ils en oublient les compétences habituellement plébiscitées. En effet, d’après Florian Tran, « les mad skills ne viennent absolument pas faire d’ombre aux hard skills et aux soft skills, c’est un juste équilibre de ces trois types de compétences que visent les recruteurs ».
« Des expériences personnelles qui sortent de l’ordinaire »
Concrètement, les « mad skills » regroupent les compétences acquises, « via des expériences personnelles qui sortent de l’ordinaire », décrit Florian Tran. « Par exemple, si j’ai déjà fait des marathons, et que cela m’a permis de développer des compétences transposables dans mon travail, je pourrais le mettre en avant dans le cadre d’une candidature », détaille-t-il.
D’après le média en ligne, spécialiste du travail et de l’emploi Welcome to the jungle , ces compétences sont acquises généralement « via la pratique d’une activité sportive, créative, associative ou une expérience hors du commun, telle qu’une maladie, une épreuve ou encore une expatriation ».
Florian Tran insiste d’ailleurs sur le fait que « même les échecs, peuvent être cités comme à l’origine du développement de mad skills, en expliquant, bien sûr, la façon dont on a procédé pour dépasser la difficulté, et comment on en ressort grandi ».
Comment mettre en avant ses « mad skills » ?
Pour mettre en avant ses « mad skills » lorsque l’on cherche un emploi, le premier réflexe à adopter consiste à « prendre conscience de ses propres forces, des valeurs qui nous définissent », recommande Florian Tran, pour qui, il s’agit principalement d’un travail de réflexion. « Ensuite, il faut se demander de quelle manière elles se traduisent dans nos actes ».
Puis, il faut savoir les mettre en avant au moment du recrutement. « Il est tout à fait possible de dédier une place sur son CV à une expérience personnelle, si une valeur ajoutée professionnelle en découle », commente le psychologue du travail. « Cela peut trouver sa place dans une rubrique dédiée aux centres d’intérêt », recommande, de son côté, l’hebdomadaire économique Challenges , dans un article dédié aux « mad skills ».
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Et puis, les candidats ne sont pas les seuls à devoir s’adapter à cette nouvelle évolution. Pour percevoir les « mad skills », des candidats, « les recruteurs doivent, eux aussi, adapter, leurs procédures de recrutement, pour les intégrer », ajoute Florian Tran. « Ils doivent adopter une écoute active, en complément des outils. » De cette façon, « l’humain, et sa singularité, sera, encore plus, au cœur du sujet de recrutement. C’est ça, l’avenir du recrutement », selon le psychologue du travail et des organisations.